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Photo de Mani Soleymanlou
Photo : Jean Olivier.

Mani Soleymanlou : une passion pour le théâtre

Mani Soleymanlou est metteur en scène et comédien. Il a vécu partout dans le monde, en Iran en passant par la France avant d’arriver au Canada. Il a étudié à l’École secondaire Étienne-Brûlé, à Toronto, puis à l’École nationale de théâtre du Canada des années plus tard. Pour lui, le théâtre est le meilleur moyen de s’exprimer.

Je l’ai choisi malgré moi. Je pense que c’est ce médium-là qui m’a choisi. Je suis tombé dedans par hasard au secondaire, à Toronto. C’est l’histoire classique d’un prof de théâtre qui vient me chercher en me disant : « Tu as le goût de faire du théâtre? Il me semble que tu aurais du plaisir à le faire. » J’ai accepté un peu aveuglément.Finalement, ce prof-là a eu raison! Il m’a amené sur scène en répétition, et je me suis vite rendu compte que j’avais du plaisir à le faire. Le reste a découlé de soi. J’ai mis mon bras dans l’engrenage de l’expression artistique, puis c’est devenu une passion réelle.

Le théâtre est devenu pour moi une forme d’expression extrêmement importante à l’adolescence. C’est un âge où tu as besoin de sortir de toi. J’ai découvert le rapport à l’autre, le rapport à le rapport aux mots, le rapport à la rencontre avec le public. J’ai réalisé l’effet des rires des autres élèves, des élèves des autres écoles et même du public franco-torontois qui assistait à nos pièces.Maintenant, 25 ans plus tard, je revis encore une fois cette charge puissante dans un autre cadre, et ça me confirme l’importance de notre médium comme outil d’expression collectif. C’est un espace protégé, où l’on a encore ce rapport de communion entre nous, où il se passe quelque chose entre une masse d’êtres humains et une autre masse d’êtres humains. Où l’on se trouve en communauté dans un espace noir, sans téléphones autour de nous.Il y a quelque chose de profondément social, politique et spirituel dans cette rencontre-là, dont je ne soupçonnais pas l’immensité de son importance à l’adolescence. Plusieurs années plus tard, soudainement, ça devient pour moi un outil clair d’échange collectif.

Au début, la décision a été prise parce que j’ai grandi en France avant d’habiter à Toronto. J’ai tout le temps été dans une école de langue française. Oui, la langue anglaise, la culture anglophone était dominante jusqu’à mon arrivée au Québec. Dans mon enfance, c’était Hollywood, puis la télévision américaine. Tu vieillis et tu lis. Tu comprends mieux les enjeux politiques et la réalité linguistique du pays. Lorsque tu commences à prendre la parole, comme avec vous, comme à la radio, comme à la télévision, tu te rends compte que c’est là où tu peux avoir une réelle influence. Je veux pendre part à la survie d’une culture et à son enrichissement. Forcément, j’y prends part en écrivant, en jouant, en exprimant un point de vue. Je contribue à la richesse de ce qui me précède. Pour moi, le théâtre devrait en prendre soin.J’essaie d’être passeur de ces choses-là et de m’assurer que mon fils a d’autres options relatives à la culture francophone. C’est la langue qui a forgé mon esprit et qui continue à le forger.

C’est plein de choses. Souvent, les gens séparent le travail de l’artiste et le travail de directeur artistique, alors que, pour moi, c’est la même chose. C’est un qui continue à se développer et à se forger. Je reste le même artiste. Je vous dirais que ce que je faisais au secondaire, à 15 ans, est la même chose que ce que je fais aujourd’hui au Centre national des Arts du Canada. C’est la même petite voix, à l’intérieur de moi, qui pense que le théâtre devrait être « de même ».J’ai une façon de voir le monde ou de le comprendre. Je veux partager cela avec le plus grand nombre de spectateurs possible. On me donne ce cadeau-là. On m’offre une scène, un lieu, un budget, une équipe et une tribune.De façon plus concrète, le travail de directeur, c’est de programmer des saisons. C’est de prendre cette idée-là ou cette envie-là d’échange tangible avec des œuvres. C’est d’aller à la rencontre de jeunes artistes et de les soutenir, comme on m’a soutenu. J’ai maintenant cette chance de maintenir ce lien entre une génération et une autre.J’essaie d’accomplir mon travail comme j’entreprendrais une pièce de théâtre, avec les mêmes doutes, les mêmes tentatives de raconter l’époque, avec beaucoup d’outils différents.

Le théâtre que, moi, je fais est intimement lié ou connecté à la société et au monde dans lequel on vit. Ce que je tente de mettre sur la scène, c’est une façon d’apprivoiser le monde ou de le questionner. C’est instinctif. Je me trouve aussi dans ce poste de directeur artistique parce que je fais partie de mon époque. Le théâtre est un outil social puissant.L’identité, le rapport à l’autre, le vivre ensemble : ce sont des sujets qui sont brûlants d’actualité. On est là-dedans. Politiquement, médiatiquement, on ne cesse de nous diviser et de nous séparer les uns des autres. On dit que c’est la faute de tout. Tout, sauf parler des vrais problèmes. Mon job, c’est d’essayer de replacer un peu le point de vue ailleurs.Il est important pour moi de faire du théâtre populaire, dans le sens noble et propre du terme. J’ai envie de ce théâtre-là qui s’adresse à tout le monde, qui met en scène tout le monde et qui met en vedette notre époque. C’est ça la tentative. Souvent, on sépare le du Pour moi, les deux doivent coexister.

Il y en a plusieurs. Avec mes trois premières pièces, Un, Deux et Trois, j’ai eu la chance de visiter plusieurs pays. J’ai eu la chance d’aller à la rencontre de très nombreux spectateurs, d’énormément de langues, de réalités, de vérités, de doutes et de questionnements. Je suis très fier de la première partie, Un, qui existe depuis 2010, parce que c’est ma première pièce de théâtre, et ça reste encore le cœur de toute ma démarche artistique. Je la joue encore et je vais encore à la rencontre des gens. Ça représente très bien l’accident de parcours qui est ma vie. Ce n’était pas censé être ça. C’était censé être un soir, puis c’est devenu maintenant ce que c’est devenu. L’instinct a opéré. Je suis toujours heureux lorsque l’instant opère.Visionne la vidéo ci-dessous pour découvrir un aperçu de la pièce de théâtre Un.

Je n’ai pas de processus en particulier. C’est juste que ces idées-là… le feu est tout le temps allumé. Cela mijote à feu doux, et à un moment donné, tu fais : « Ah oui! ça, ça pourrait être intéressant! » Puis là, tu y vas. Je laisse mariner longtemps, j’en parle longtemps de l’instinct, de l’intuition.J’en discute avec des gens, je fais comme : « Ah, mais, ça, qu’est-ce que tu en penses? Il me semble que… » Puis, à un moment donné, tu dis : « Let’s go. On essaie. » Après, ça a tellement mariné longtemps que la mise en application se fait rapidement. Ça n’arrête jamais. Je n’ai pas de processus autre que laisser mariner ces idées-là. Mon travail est intimement lié au quotidien, à ma vie, et donc à la société et au rapport à l’autre. Tout est matière à théâtre.

Pour celles et ceux qui veulent se lancer dans le domaine artistique, la prise de risques est gigantesque et elle est indissociable du L’expression artistique ne tolère pas un pied à l’intérieur, un pied à l’extérieur.Il faut y sauter à pieds joints parce que c’est uniquement là que ça se confirme. Ce n’est pas à l’extérieur de soi. Ça ne se lit pas dans des livres, ça ne se mémorise pas. Ça part de l’intérieur. Il faut être honnête avec cette démarche-là. Il faut la respecter, cette envie-là ou cette peur-là, puis la nourrir parce que notre société ne cesse de nous dire que ce n’est pas un bon chemin, les arts.Il faut donner la même importance à la démarche artistique. Le divertissement et la langue, la poésie et la musique, c’est l’âme d’un peuple. Il faut que l’on y plonge avec certitude et que l’on déconstruise la quant à ces milieux-là.Le travail de scène, c’est plus que de la magie. Ça nécessite énormément de travail, de rigueur et d’efforts. Un musicien classique, un danseur ou un acteur passe des heures par jour à revoir leurs gammes, leurs mouvements ou leurs textes. Il faut juste le faire, puis y croire.

Portrait dessin de Mani Soleymanlou sur fond bleu, sans yeux ni nez. On peut distinguer le contour de son visage avec la barbe, la chemise et le chapeau.

Tu t’intéresses au théâtre? Tu aimerais aller voir des pièces? Voici quelques options pour toi en cette rentrée scolaire 2023.

La recommandation de Mani 

On commence l’année en septembre 2023 par une production qui met en scène des finissants des écoles de théâtre de l’année précédente. C’est une pièce collective qui s’appelle L’ombre. Elle sera dirigée par Marie Brassard, qui est l’une des plus grandes créatrices de théâtre.

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